J’attends
toujours avec impatiente les images des campagnes de publicité Marc Jacobs
shootées par le photographe allemand Juergen Teller (l’ancien compagnon de
Venetia Scott, vous vous souvenez ?). Elles sont surprenantes, je dirai
même déroutantes. Marc Jacobs et Juergen Teller ne manquent pas d’humour et d’autodérision
et ce sont toujours des mises en scène décalées qui flirtent avec la
provocation et le mauvais goût. Googlelisez les personnages, vous ne serez pas
déçus !
La campagne
de pub printemps été 2013 s’inscrit pourtant dans un autre registre. Il semblerait que
l’intention soit de nous perturber, voire nous hypnotiser.
Dans le
seul visuel diffusé pour l’instant sur internet, on voit le mannequin
australien Ruby Jean Wilson poser dans une robe à larges rayures noires et
blanches, omniprésentes sur le défilé printemps-été 2013, entourée de miroirs.
Le
visuel est très graphique, tout est noir et blanc : le modèle a un teint
très pale et des yeux soulignés de noir, ses cheveux sont décolorés en blond
platine. Elle ne porte aucun accessoire, seul, dépasse au premier plan, une pochette
aux motifs identiques à sa tenue. Par contre, elle arbore un petit tatouage au
pied, un des rares détails qui nous permet de ne pas nous perdre dans cette multiplicité
d’images.
Ruby
Jean Wilson pose de façon assez classique, avec un bras levé, négligemment appuyé
sur sa tête. Contrairement aux compositions de ce genre, son regard n’est pas tourné
vers les miroirs, elle ne se regarde pas. Son visage est dirigé vers le
photographe qu’elle fixe intensément.
Derrière
elle, les miroirs qui composent le sol et les murs multiplient, décalent,
fragmentent sa silhouette rayée à la manière d’un caléidoscope.
Cette
photo m’a intriguée parce que le miroir est un sujet récurrent dans la peinture
classique et a été maintes fois repris dans la publicité de mode.
Il pose
la question de la représentation et introduit l’idée du narcissisme. Il est
souvent associé à la mort, à la fragilité de la vie et au temps qui passe.Dans les images publicitaires il permet de multiplier les angles de vues et de montrer une autre facette du personnage. Et puis le miroir fascine et incite à plonger dans l’image pour y découvrir des éléments hors champs. Il donne plus de corps à l’histoire qui est racontée en nous révélant l’envers du décor.
En fait
cette photo est assez éloignée des images habituelles de Juergen Teller qui
signe d’ordinaire des clichés au rendu spontané, faussement amateur, surexposés
ou mal cadrés.
Cette image
est très précise, la photo est prise de haut, en plongée, de telle sorte qu’en
son centre se trouve la croisée des murs et du sol.Ca donne une composition arachnéenne, hypnotique, qui capte et attire le regard vers un infini. J'aime beaucoup, et vous ?
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